Depuis la parution de son premier livre, Les Armoires vides, en 1974, Annie Ernaux n’a cessé d’explorer, à travers l’écriture, l’expérience vécue – son expérience, mais aussi celle de sa génération, de ses parents, des femmes, des anonymes et des oublié.e.s, des autres. Son écriture s’oriente sur plusieurs axes, qui se recoupent au fil du temps et des livres: l’expérience du corps et de la sexualité; les relations interpersonnelles (familiales, amoureuses); les trajectoires et inégalités sociales; l’éducation; le temps et la mémoire; et l’écriture, véritable fil conducteur qui relie entre eux ces aspects. Toujours, dans les livres d’Annie Ernaux, les expériences les plus personnelles, voire intimes, sont chargées d’une dimension collective, sociologique, qu’il s’agisse de l’expérience du deuil, de la honte sociale, de la découverte de la sexualité, de la passion amoureuse, d’un avortement clandestin, de la traversée de la maladie, ou de la perception du temps.
Après avoir publié des textes d’inspiration autobiographique, mais présentés comme romans (Les Armoires vides, Ce qu’ils disent ou rien, La Femme gelée), Annie Ernaux, avec La Place, s’est détachée de la fiction pour creuser les possibilités de dire l’expérience et le réel. Ce faisant, elle a travaillé sur des formes narratives qui constituent de nouvelles directions dans l’écriture de soi: ses textes auto-socio-biographiques (La Place, Une femme, La Honte) explorent sa vie, celle de ses parents, et le milieu dans lequel elle a grandi, tandis que l’autobiographie collective Les Années dépeint l’histoire sociale et culturelle de la France, des années 1940 aux années 2000. Ses autres textes incluent des mémoires qui allient récit d’une expérience marquante et réflexion sur l’écriture de cette expérience (Passion simple, L’Événement, L’Occupation, Mémoire de fille, Le Jeune homme); textes qui mêlent autobiographie et photographie (L’Usage de la photo, le photojournal d’Écrire la vie); et lettre à une absente, sa soeur décédée quelques années avant sa naissance (L’Autre fille). Annie Ernaux a également publié des journaux intimes, espaces de notation de l’expérience vécue (‘Je ne suis pas sortie de ma nuit’, Se perdre), ainsi que des journaux extimes, constitués de fragments de micro-événements observés dans les lieux publics, les transports et les supermarchés (Journal du dehors, La Vie extérieure, ‘Regarde les lumières, mon amour’). Enfin, elle se penche sur le processus d’écriture dans les extraits publiés de son journal d’écriture (L’Atelier noir), dans des entretiens avec un autre écrivain (L’Écriture comme un couteau), et en faisant retour non seulement sur son écriture, mais aussi sur les lieux importants de sa vie (Retour à Yvetot, Le Vrai lieu).
Les livres d’Annie Ernaux rassemblent un lectorat large et fidèle et suscitent un intérêt très vif, visible par l’attention que lui portent les médias (presse, radio, télévision), et les multiples travaux dont ses livres font l’objet dans le milieu universitaire. Ce site répond à cet intérêt et s’en fait l’écho, en proposant des ressources bibliograhiques, biographiques, des textes d’Annie Ernaux (certains inédits), ainsi qu’un fil d’actualités liées à Annie Ernaux et son oeuvre. La fonction bilingue du site a pour vocation de mieux faire connaître l’oeuvre d’Annie Ernaux dans le monde anglophone, où nombre de ses livres sont traduits.
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Crédit photo: Annie Ernaux/ photo Catherine Hélie, Gallimard.